Le sujet

Un homme tue son ex-épouse et ses deux enfants, puis se donne la mort.

Un autre enlève ses enfants et disparaît avec eux sans que jamais on ne les retrouve.

Un troisième se suicide en apprenant que les droits de visite de son fils lui sont supprimés.

La liste des événements de même nature qui occupent régulièrement les colonnes de nos journaux à la rubrique « faits divers », est malheureusement devenue longue.

Pudiquement qualifiées par la presse d’« actes de désespérés » ou de « drames de la séparation », ces affaires quittent souvent la « une » des médias pour plonger rapidement dans l’oubli.

Pourtant,  ces tragédies laissent derrière elles de nombreuses questions sans réponse.

Et certaines d’entre elles sont devenues pour nous obsédantes.

Quels tourments peuvent pousser des pères à commettre de tels actes ?

Quels sont les événements d’une vie qui peuvent engendrer chez des hommes ordinaires ces formes ultimes de désespoir ?

D’autres pères, moins jusqu’au-boutistes, clament à tue-tête leur détresse et cherchent à se faire entendre.

Malgré cela,  leurs voix restent peu audibles, et ce n’est que par bribes que nous parviennent leurs messages.

On finit par entendre leurs cris qui dénoncent à l’unisson un disfonctionnement de la justice, une institution qui mésestimerait leur qualité de parent et qui ne les traiterait pas d’égal à égale avec les mères.

Un certain nombre d’entre eux se plaignant d’être injustement et durablement contraint de vivre éloigné de leurs enfants.

Soucieux d’en savoir plus sur ce qui motive leurs allégations, nous avons décidé de nous intéresser de plus près au fonctionnement de l’institution judiciaire.

Ainsi nous nous livrerons à un examen méticuleux des pratiques quotidiennes des juges lorsqu’il est question de trancher les différents qui opposent les parents sur la garde de leurs enfants.

Cette véritable immersion dans l’univers judiciaire sera accompagnée d’un passage en revue des différents dispositifs législatifs qui encadrent aujourd’hui la séparation des familles.

Mais ce documentaire ne sera pas pour autant un exposé ou un débat technique sur les séparations conflictuelles et leurs conséquences.

Il sera avant tout question dans ce film de témoignages et de « chair » humaine.

Les arguments des pères contestataires n’ayant été jusqu’ici que très rarement relayés dans les médias, nous avons choisi de construire notre exploration de ce sujet particulièrement sensible en privilégiant leur droit à la parole.

Une grande place sera donc donnée à l’exposé de leur situation litigieuse, mais aussi à l’expression de leurs sentiments et de leur ressenti.

Une parole qui ne sera pas pour autant exclusive, des professionnel(le)s de la sphère judiciaire et du monde médical venant compléter leurs propos.

Des interventions qui permettront de recontextualiser la parole des pères que certains jugent parfois trop excessive, tant elle est pétrie par la souffrance de leurs auteurs.

Nous nous donnerons ainsi les moyens de découvrir que contrairement à ce qu’affirment leurs détracteurs, la colère de ces hommes n’est pas guidée par un exclusif esprit de revanche.

Nous constaterons qu’en réalité leurs propos ne sont souvent que le produit de l’expression d’une légitime révolte.

Celle engendrée par la privation, au quotidien, de la présence de leurs enfants.

Des enfants qui ne seront pas absent de ce programme, et qui trouveront à leur tour l’occasion de s’exprimer à la fin de ce documentaire.

L’opportunité d’entendre une autre parole aussi rarement écoutée que celle des pères.

Conscient des difficultés et des enjeux qui accompagnent ce projet, nous tenterons de contourner les nombreux obstacles qui nous attendent.

Ainsi, nous essaierons de nous maintenir à bonne distance de l’inévitable polémique sur la « guerre des sexes », dans laquelle certains voudraient cantonner ce sujet.

Notre volonté sera de recentrer la problématique étudiée sur ce qu’elle contient de plus essentiel. C’est-à-dire autour d’un légitime questionnement qui pourrait se résumer à une seule phrase :

Quel avenir proposons-nous à nos enfants ?

Notre réelle ambition étant alors d’ouvrir enfin le débat sur les nouvelles orientations impulsées par l’institution judiciaire et la sphère politique dans le domaine de la politique familiale.

Une politique dont nous découvrirons qu’au cours des dernières décennies, elle fut façonnée au moyen de réformettes successives, sans que jamais ne se dégage de véritable vision d’ensemble.

Avec la conséquence encore non évaluée pour des millions d'enfants de se voir imposer, sans que personne ne l’ai véritablement décidé ou choisi,  un univers dont les pères seraient absents; un monde sans pères.

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